Sunday, October 31, 2010



si peu de mots...

31/10/10
Il me semble n'avoir jamais si peu écrit au cours d'une mission. Ce n'est point que je n'ai rien a dire, c'est que les mots me manquent.
L'intensité de ce que nous vivons ici au home NAG est telle, de l'aube à la nuit, Paul et moi, mettre des mots sur cette expérience de vie
me déborde un peu. Je me départis de mon ironie habituelle : nulle ironie n'a cours et j'ai trouvé ce qu'obscurément je cherchais : un
partage de tout instant. Il me faudra un certain temps je le crainds pour etre apte à formuler tout ça.
Ceci dit, en compagnie de Paul on forme la parfaite équipe, il est fantastique, il a de suite pigé les enjeux, il s'est fondu dans le jeu
il est le mec.

D'etre si loin de tout ici, joindre Katmandu via le bus te prends 2  heures de tape cul...Or il nous faut faire de plus en plus de spectacles a l'extérieur
Donc matin classes de magie et de cirque, les après midi expéditions au loin....J'ai loué une moto. La meilleure et la pire idée que j'eus jamais.
Nous sommes la a fendre le traffic hallucinant, on se dit adieu chaque fois qu'on enfourche la bête, couverts de cendres et de poussière lorsqu'à
destination nous arrivons, on s'embrasse tel s'embrassent les rescapés d'un désastre ou d'une histoire fabuleuse, celle que nous vivons.

Mes éleves ont donné 3 représentations....C'est un truc que je formule en une courte phrase, c'est un truc qui marque d'une pierre blanche
le parcours d'un magicien sans frontiere.

Ce matin Paul et moi sur notre vrombissante moto nous nous rendons dans un centre d'enfants et de mères atteints du sida. Dix gamins qui vont
mourir. Au retour plongés dans l'abject traffic on pleurait...La fatigue, la fumée NOIRE, la poussière et puis quoi ? On n'est pas des chochottes.

On vous embrasse on sait plus quoi dire.
Demain des photos, demain d'autres mots, demain comme chaque jour on aura le temps de rien...C'est des aventures ou on voit la lumière...Et
pas mal de pots d'échappement...

Tuesday, October 26, 2010

Une journee...

Du 16/10/10 au 26/10/10 : une journee type au home NAG

5h45 du mat : reveil et debout, maudits chiens, coqs, corbeaux, voisins....Du crepuscule a l'aube, maudits....
7h petit dej nepalais, cad epice, suculent, mais rapide pourr autant.
Je le prends dans le refectoire des jeunes et j'ai droit a ma lecon de nepali.
9h30-10h : debut du cours de magie. Atroupement. Tous tres curieux, tres appliques, assez bordeliques mais efficaces. Bons meme. Les tous petits dans les pieds.

12h, repas.
de 13h a 15h, dans tous les coins des gamins avec des jeux de cartes, des ficelles, des baguettes, refaisant mille fois les memes gestes, se conseillant les uns les autres, une ruche magique.
Ls petits miment les gestes du magicien. Tous selon mon style. Mon image multipliee a l'infini. Jeux de miroirs d'Asie.
Toutes les minutes il en est un voir deux voir cinq pour venir me demander l'une ou l'autre precision entre 2 faux noeuds, 2 fauses coupes...Sans conteste je suis la reine de la ruche.
J'explique et j'explique et j'explique....
A 16h ou 17k selon les jours on reprend le cours collectif.
Puis souper. Puis requestions jusqu'a plus soif....

Je suis imerge dans cette collectivite de l'aube au soir. Ca fonctionne du tonnerre.
Juste j'ai pas l'habitude de tant de sollicitations, pas une seconde a soi.
D'autre part, a mon tour je commence a les questionner : leurs parcours, enfants de rues pourquoi et coment ? Pourquoi se sont ils retrouves ici ? Depuis quand ? Leurs familles ?
Des dizaines d'histoires me tombent dessus, toutes ont a voir avec la tragedie. Je commence peu a peu a percevoir quelles vies se cachent sous le label "enfants de rues"
Et j'observe la maniere dont ils fonctionnent en groupe.
Prof de magie, je me situe ausi a la jonction de 2 points de vue : les trajets individuels et la dynamique de groupe. 1er constat :ca recoupe assez bien le premier point appris lors de mes annees psychiatrique (en tant que soignant, je sais c'est difficile a croire..) : la vie communautaire a un effet therapeutique en soi. Ici c'est flagrant.
Que je vous dises que c'est tres exactement ce que je suis venu chercher ici : l'integration au sein d'un groupe, d'une communaute.
Ca va etre long a decortiquer vu que c'est dense...Et sans connexion internet ca arrange rien...

Pour y voir un tant soit peu clair, suivons le fil du quotidien : des mon arrivee, la pluie. 3 jours et 3 nuits. Un Belge suit son destin, la pluie le suit. Plus des averses de mousson, non, une
pluie continue, belge, baudelairienne :"Quand le ciel bas et lourd pese comme un couvercle..."
Le home devient un ilot perdu dans une mer de boue. Nous sommes coupes du monde.
Le bus s'est englue. L'humidite ronge tout. Tout se met a gondoler.
16/10/10
Dans la tradition du "festival" de Dashein c'est le jour de benediction des vehicules. Des l'aube et sous la pluie les jeunes font briller le vieux pick-up ruine, les mobs effondrees, le vieux bus a la brose a dents...Puis offrandes : bananes, poudre rouge, encens...Pas de sacrifice animal a l'interieur du home, mais hors les murs le sang gicle, eclabousant les carroseries. Rituels magiques.
 Puis cours de magie. Chacun la sienne...Et c'est reparti comme hier. De jour en jour. Et ils continuent a partager leur savoir naissant. Incroyable ce qu'on peut faire avec trois p'tits trucs.
Clowns et magicien sans frontiere c'est ausi ca : ce partage. Avec ces gamins. Si j'ajoute que ca donne sens a ma vie ca sonne guimauve, alors j'ajoute pas, je tiens trop a mon image de tenebreux aux yeux bleus quoi qu'ici, sans miroir....Me demeure le titre de djadhu teacher.

Sunday, October 24, 2010

Harry Potter au pied de l'Himalaya

15/10/10
Plus de show en vue du fait de Dashein, des lors il est temps pour moi de rejoindre l' ''orphelinat-home-lieu de vie'' NAG ou je suis
attendu par les jeunes afin de leur apprendre la magie....
 
NAG j'y suis venu l'an dernier en novembre. Pres de 400 jeunes, des tout petits au ados, un spectacle super et une demande de leur part : ''...nous apprendre quelques trucs, sir ???'' Les lieux sont extraordinaires, le contact avec les jeunes excellent, j'ai laisse murir...
Et j'ai dit oui.
 
Et m'y voila. Ca se trouve en dehors de Katmandu. Taxi. Fosses et bosses. Je debarque...L'acceuil...
 
L'ACCEUIL.
 
Mettez le pere Noel, quelques dieux hindous, l'une ou l'autre rock star ou Bollywood star dans un shaker, secouez toute une nuit de pleine lune, servez des l'aube, et voila : le retour du djadhu.
 
Ils sont 180 en temps normal. 80 pour l'instant. Les sans familles. Le reste dans les restes de leurs familles.
 
J'arrive a point nomme : l'ecole ne reprend que debut novembre, d'ici la ennui et desoeuvrement.
Mettez un magicien dans l'ennui en Asie...
 
Tout d'abord un coup d'oeil sur les lieux : La piece centrale : enorme. Un joyeux bordel, des jeux, des bouquins, des vetements dans tous les coins. Un vieux berger allemand type carpette affale au milieu, des chats qui poursuivent des rats dans le faux plafond en ruines et
qui degringolent de temps en temps, plafond chats et rats, droit sur la table, de preference pendant le repas.
Une table de billard au beau milieu. On dispose une grande planche dessus, c'est la table.
Une cour en ciment. Des dortoirs puants. Des chiottes idems. Une grande cuisine clean : 600 repas par jour. Faits par les jeunes a tour de role. Une grande salle refectoire et...Une ecole! Ou vont 300 enfants dont 200 de l'exterieur, gratuitement.
 
Le public : filles et garcons de 2 a 20 ans, 2 filles meres, une en chaise roulante, 3 gamins tuberculeux dont un dans mon groupe qui postillonne pas mal...4 debiles mentaux, une, Shanti, l'image meme de la sorciere, l'image de Kali : terrifiante, mais douce, gentille...
Elle ne parle pas, elle grogne et devore tout ce qui est a portee : bouffe, papiers, plastiques...
 
Des mon arrivee, mon retour, toutes et tous se groupent autour de la table : 80, les uns sur les autres, en tas, en paquets, en masses..
Un spectacle de proximite en offrande a tous ces enfants. On est deja presqu'une famille, tous ces sans familles...
Il y a 2 fois plus d'yeux petillants que de gamins. Au moment ou le power cut nous tombe dessus, nous plongeants dans le noir
je pourrais presque continuer juste a la lueur de leurs yeux.
On lance le generateur, je continue. 2 heures durant. Sans pose.
 
Le cours de magie commence demain.
 
Le cours de magie ! Harry Potter aux trefonds de l'Asie.
 
16/10/10
10h du mat. 1er cours. 13 eleves dont une fille, tous ados, de 12 a 16 ans, tous ex enfants de rues, et, groupes autour de nous, tous les autres : les petits, les tout petits, les malades, les fous...Un joyeux foutoir.
 
Je commence par des trucs simples (pour autant qu'aucun truc ne fut simple...). Incredulite de mes eleves : ils s'attendaient a des incantations, un rituel esoterique, la convocation de divinites...Mais non, juste des gestes. Je la joue facon ''arts martiaux'' : de larges
mouvements precis suivis d'arrets nets, quelque chose comme un rituel tout de meme...
Et ca fonctionne d'amble. Certains y arrivent vite, d'autres s'enmelent les pincaux. 3 heures d'affilee. On termine comme on a commence : un joyeux foutoir.
 
16h reprise du cours. Meme histoire : ils sont tous la. Le cours de magie est devenu l'attraction du home.
 
1ere surprise : ils partagent tout ! A la fin du 1er cours, a 13h, certains etaient au point, d'autres largues. A 16h tous sont capables de reproduire vaille que vaille ce qu'on a appris. L'esprit communautaire est la norme.
 
 
 

Wednesday, October 20, 2010

13/10/10
Le "festival" Dashein est lance. Tout commence a deconner. Deja en temps habituel...Il culminera le 17 octobre.
A tous les coins de rues, des gamins ou des ados organisent des parties de des. Pour du fric evidement. Le jeu sans argent en Asie, non sens. Tout le monde joue. Katmandu devient un immense tripot. Faites vos jeux rien ne va plus...En effet...
Soudain j'eus une idee : regrouper les jeunes de quelques homes en un meme lieu et y faire fete : spectacle, jeux, friandises...
Je ne sais quelle mouche m'a piquee, je me crois en Europe....
J'arrange ca avec quelques amis nepalais. Pas simple mais ca prend forme. Du moins je le crois. Les Nepalais sont forts avenants : ils
ne disent jamais non. Pour autant ils savent que ca va foirer. Ils n'en soufflent mot.
Date prevue : le 14 octobre. Dans une salle. A l'autre bout de la ville.

14/10/10
Du fait de Dashein, complique de bouger : taxis rares, tarifs princiers...Bon. 13h j'arrive sur place. Stupeur : personne...
4 ou 5 gamins dans la poussiere et un gardien. Apparement les gosses le gardent. Je trouve un telephone qui fonctionne.
J'appelle mes amis que je maudis. Une 1/2 heure pour en joindre un. Que ce passe t il ? Il n'y a personne!
Le chauffeur du bus qui devait ramasser les enfants est parti dans sa famille a 100km, cad 10h de route...Avec le bus...Depuis 3 jours...
Evidement j'eus du m'en douter.
Aussi, spectacle pour les 4 gamins et le gardien, d'autres s'ajouteront au fur et a mesure, comme chaque fois.
Je suis un peu depite mas j'ai tort, c'est super.

Tuesday, October 19, 2010

Where do you from ?

12/10/10
10h du mat. Home Marinaka a Pulbary. Meme plan qu'hier. Une 20ene de gamins. On se presente. Je trebuche dans leurs noms eux ds le mien."Where do you from sir ?" en cascade.
On s'installe dans le jardin autour d'une grande table basse. Par dessus le muret apparaissent les frimousses des gosses des alentours, par l'odeur alleches, odeur sulfureuse mais drole de la magie, celle que je pratique...

Une heure de spectacle de proximite (close up magic) ponctuee de "ho" et "ha" et "la".
 Bcp de "la" ce qui signifie : hein ? Ca alors! Non!....Pour des petits groupes denses le spectacle de proximite c'est impec.
Puis on dejeune ensemble. La petite troupe amassee sur le mur demeure en place : j'ai dis que le show reprenait apres.
Donc je m'y remets. Ca s'aglutine de plus en plus. On franchit le cap des 150 voir 200 allegrement. Pas que des gamins : des ados,
des meres avec enfants au sein, des vieux tordus en 2, dehors et endedans la coir aussi, et les mecs qui construisent la maison en face
perches sur leurs echafaudages.
Une heure de gloire a Pulbary, banlieu est de Katmandu.

Sunday, October 17, 2010

11/10/10
Dans tous les homes il y a des enfants qui demeurent la malgre Dashein, les ''sans familles''.
Un spectacle pour eux. Norbuling Chidren's Home. Taxi jusqu'a Tinshuli (tous les lieux ont des noms de reves et des tas d'ordures).
La un jeune en mobilette viens me pecher comme convenu. Il a 25 ans a tout casser, c'est le directeur du home.

En mob sur des chemins boueux parmi les buffles dans le soleil du matin.

Le home : petite baraque dans la semi-campagne. Un sponsor swisse, tout va bien. Les enfants dans mes pieds des mon arrivee
"where do you from sir ?" Y z'ont entre 3 et 10 ans, ils sont 25, on commence par se presenter. D'amblee je m'emberlificotte dans leur noms eux dans le mien.
On s'assied par terre autour d'une table basse sur un bout de terre seche: le jardin.

Une heure de spectacle de proximite comme hier a Ratna parc. Dans des conditions plus cool. Seulement une 50ene d'enfants du voisinage qui passent leurs tetes par dessus le muret pour assister au spectacle.

Entre actes. The, biscuits. Et c'est parti pour le 2eme show. De plus en plus de tetes par dessus le muret on terminera a 200.

Apres, the, biscuits...Pas mal de gamins ici viennent de villages. Reperes la haut comme enfants "maltraites", recuperes ici, sociabilises, scolarises...
Quelques gosses de rues, peu, tres difficile de les integres. Ils se tirent sans cesse et retournent dans la rue.

Deja 3h de l'apres m', je suis attendu dans un autre home, Marinaka Home, a Pulbary. Au moment de se mettre en route, nuages noirs comme l'ame du diable, pluie torrentielle
Faut attendre. Deux bonnes heures. Je telephone a l'autre home. "Viens demain". D'ac. Alors 2h durant les gamins m'apprendront leurs jeux et leur langue.
Je m'applique mais n'y comprends rien.
La pluie a cesse, c'est la nuit. Retour en mob dans la boue epaisse. Je sens qu'on va s'allonger. J'ai a peine retape mon smocking depuis la derniere embuscade de la mousson.
Mais non, simple et tranquille, on surf sur la boue avec elegance.

Wednesday, October 13, 2010

Petit dej avec enfants de rues




From: sylvainsluys@hotmail.com
To: luc.nicolas.nepal2010@blogger.com
Subject:
Date: Wed, 13 Oct 2010 09:39:15 +0000

10/10/10

Debut du festival de Dashein. Une semaine. Puis Diwali, la fete des lumieres. On en a pour 15 jours de fetes non stop. Un vertige bruyant. Noel a la centieme puissance.

De fait il y a quelque chose de Noel dans Dashein : une semaine de retrouvailles familliales. Tout le monde rentre dans son village, sa tribu, sa vallee, son ethnie, sa banlieu...

Ou je decouvre que pas mal ''d'enfants de rues'' ont une famille. Qu'ils s'y rendent lors de Dashein.
Katmandu est paralysee : plus un metre carre sans vendeur de rue (deja d'habitude il n'en manque pas). Bus et taxis surcharges des
h du mat. Des troupeaux de buffles, beliers, boucs, chevres trottinant dans la ville pour etre offerts en sacrifice a la deesse Durga la terrible (et benefique...). PLus personne n'est joignable, les portables crepitent.

Chaque matin une ONG (CIWIND) fournit le p'tit dej aux gamins de rues a Ratna parc en plein centre ville. En compagnie de Raphael j'ai donne un spectacle la l'an dernier.
Ces gamins sauvages je voudrais les retrouver. Mais pas sur scene, juste parmi eux.
8h du mat, taxi, en route.
Une heure pour y arriver. Traffic. Bosses et bosses. J'arrive un peu tard. Faut dire Ratna parc c'est pas le''vieux parc solitaire et glace'' de Verlaine. C'est 3 brins d'herbe jaunis foules par 1 millons de Nepalais. Foule d'Asie.

Parmi le million, un attroupement d'ados hailloneux, c'est eux. Du premier coup je les reconnais. Du premier coup ils me reconnaissent. ''Djadhu djadhu. Retrouvailles. Comme de vieux amis. Quelques secondes de silence dans le vacarme : on se retrouvent.
Je vois nulle part les gens de l'ONG,. Peut etre partis, peut etre a 100m dans la foule ?
Mais eux sont bien la : ''magic, magic''. Aussitot je leur fais sortir des pieces des oreilles, et des cartes, je fais des tours de cartes, je leur mets des trucs en mains qui se multiplient...De suite une grande effervecence.
Ils sont rudes, hirsutes, rigolards, ils se bousculent pour mieux voir.... Suis chaque fois frappe par cette violence qui est leur mode habituel. Ils sont 15, 20 ? Bien sur au bout d'un quart d'heure la foule s'est amassee. Le spectacle de rue ici ca cartonne.
Avant l'emeute j'arrete. Ils m'enmenent dans un autre coin du parc, d'autres gamins (pas de filles que des gamins). Je recommence. Ils sont excites, bourrus, enfantins, bon public. 10 fois les memes numeros, ils s'en lassent pas. On passe la matinee comme ca, a passer d'un bout a l'autre du parc. C'est des moments terribles. Mais ca decoiffe. Meme ma tete de moine.
Puis je passe au home Bisaune. Portes closes. Juste le gardien assoupis sur sa chaise dans son uniforme ravage.
Y me dit : y sont pas la. Dashein ? je demande. Il me fait ce dodelinement de la tete si typique aux Indiens, a mi-chemin entre oui et non. Nous n'en saurons pas plus....

Sunday, October 10, 2010

08/10/10
La nuit n'a pas porte conseil mais douleur a mon genou. Je sors de la clinique avec une atelle une bequille et des anti-inflamatoires.
La radio ne fonctionnait pas. Ensuite je passe chez le medecin tibetain, y me dit "faut enlever l'atelle, le genou doit bouger" me donne un beaume puant et me dit d'aller souvent a la ceremonie buddhiste (la puja) je dis j'y vais souvent, y me dit "alors ca va guerrir  vite"
Ca c'est de la medecin.
Apres midi une fete a deux pas organisee par un ami nepalais. Des jeunes Europeens etudiant le tibetain et le buddhisme. Tous consacrent de leur temps a faire du benevolat dans homes, ecoles, centres d'acceuil...
Donc une vingtaine d'Europeens, autant de Nepalais et Tibetains avec leurs enfants et 30 gamins de homes. La plupart habilles et coiffes pour la circonstance. Je ne saurais dire pourquoi, qui est mome de home qui ne l'est pas, ca saute aux yeux. Quelque chose dans leurs visages, dans leurs maintien...Cet inconfort d'etre la, acceuillis dans cette fete ou ils sont perdus. Ils ont l'air aux aguets, comme a l'affut d'un danger, sauvages...Je joue pour eux, m'adressant a eux, les regardant. Eux me regardent puis regardent avec stupeur les tetes de leurs accompagnateurs europeens qui me regardent stupefaits.
Un triangle plein d'enseignements : qui regarde qui et pourquoi ?
09/10/10
9h30 du matin, spectacle dans l'ecole-orphelinat (le terme est impropre, il s'agit ''enfants perdus'' au sens de delaisses, abandonnes...)
Tashi school.
9h je quitte l'hotel et la, dans la cour, sacrifice d'une chevre (un bouc) a la deesse Durga. Gorge tranchee, du sang partout, ils en arrosent un 4.4 Toyota flambant neuf, ceremonie de protection, de benediction quelque chose comme ca. Tout ce sang de grand matin.
Je trottine jusqu'au ''home''. La porte de fer est verrouillee. J'y frappe comme un sourd. Cinq bonnes minutes et un gamin se pointe. A ma vue il detalle. Je recogne. Ils reviennent a plusieurs. Meme scenario. Finalement un adulte arrive, m'ouvre et referme dans mon dos.
J'ai vecu cette scene de nombreuses fois a Katmandu. A force de questions j'ai obtenu qqes reponses : eviter les rapts d'enfants.
Mais qui les enlevent ? Des maffias indiennes, nepalaise, c'est selon, pour les prostituer, des membres de leur familles aussi our les faire mendier, ou encore...On est quelques uns a s'interesser aux ''enfants perdus''.
Dans le hall une soixantaine de gamins. Soit Tibetains soit des ethnies montagnardes (mongoloides donc). Et cette eternelle odeur des home.
Ils m'attendent. Ils sont tous la. Et c'est formidable. Je retrouve tous les gestes du magicien sans frontiere du premier coup.
Elles et ils eclatent de rire. Le truc drole : quand ils rient ils ont les yeux encore plus brides.

Saturday, October 9, 2010

suite

On se releve peniblement. Certains sont sonnes. Moi ca va. Me suis pris une tringle de fer sur le crane, explose un genou, par chance c'est celui ou j'avais deja mal. On est la sous la pluie diluvienne a se demander quoi. On sort du tempo dans 50 cm d'eau. La pluie est tellement dense que juste en respirant tu risques la noyade. Je ramasse ma valise. Je boite un peu. Ma voisine ca a l'air d'aller. Je rentre a l'hotel. A 2 km. A pieds. Et si j'y arrive, seigneur si j'y arrive, une douche chaude. Et un Xanax.
Xanax, dieu maudit je t'ai un peu vite abjure.
 
Ca n'a pas l'air, dit comme ca, mais c'est vraiment chouette. J'irai au home demain. Le temps file que c'est pas croyable mais tranquille, sans stress. La lumiere est divine. On boit le the au lait ( le tchia) en croustillant des samosas aux coin d'la rue dans la cohue. L'Asie c'est la cohue. Il y a des klaxons et des chiens qui dorment ou qui aboient partout. Tout le temps. Les moinillons tibetains donnent la ceremonie sacree, la puja, dans le monastere juste a cote a 16h tous les jours. C'est mieux qu'un concert rock. Ca y ressemble mais c'est mieux. Il y a tous ces destins tragiques d'enfants abandonnes, abuses, exploites. Soudain l'univers vire au noir, le ciel te tombe sur la tete, c'est la fin du monde, le deluge...
Ensuite tout redevient comme avant.

je plonge

05/10/10
 
O mes aileux. Je refais surface. j'etais tombe dans les griffes de Xanax le dieu maudit.
Une journee pour remettre la main sur mon passeport, mon portefeuilles, mon sac, mes affaires, mes esprits...Mon ame et mes amours introuvables.
Va-t-il falloir faire sans ?
Je demande au mec de la reception : le type d'hier c'etait qui ?
Ganesh y me repond. Oui j'avais compris, mais il vient de ou ? Son home c'est lequel ?
Aucune idee, il est arrive il voulait te voir j'ai expedie un gamin te chercher...
Et comment savait il que j'etais la ?
Aucune idee, les gamins dans la rue sans doute...
Evidement ils n'y sont plus.
Encore un insondable mystere d'Asie.
 
Les chiens aboient toute la nuit. Heureusement ils dorment tout le jour.
 
06/10/10 Ceremonie Mahakal chez les Tibetains. Mahakala en sanskrit : le grand temps, le Devorant. Ceremonie de purification, d'expulsion des demons. Durant toute la jourmee. En ce qui me concerne c'est pas du luxe...
Et je prends plein de contacts.
Demain show au home Bisaune. A l'autre bout de Katmandu. On se connait bien :j'y fus en 2003, 2006, 2009.
Les gamins d'alors je les ai vu grandir. Eux m'ont vu vieillir. Ils sont educs aujourd'hui. Via la meilleure ecole : la rue.
La au moins je sais de qui il s'agit. Show a 16h.
 
Nuit du 06 au 07/10/10. Deluge sur Katmandu. Au matin soleil mais la grand route est sous eaux. Une eau ocre. Assez belle couleur.
Des midi retour des nuages.
A 14h je me mets en route. Ma valise noire de magie (je le formule de la sorte sans quoi ca donne : ma valise de magie noire..Le Francais...)
mes pompes cirees, ma veste de smocking..La classe. Quoi que chaus, ouf.
Je prends le tempo, cariolle a 3 roues ou on se sardinne a 10. T'y es secoue comme un prunier au nains d'une tronconneuse.
Tout Katmandu dans le tempo. Sauf les touristes.
On roule dans l'eau. On voit pas la route. Mais on la sent bien.
 
Soudain la pluie. Un mur liquide. On roule dans et sous l'eau. L'arche de Noe. Le mythe du deluge existe dans l'hindouisme. C'esr Vishnu sous la forme du poisson Matsya qui arrange l'histoire.
Pour nous ca s'arrange pas : un choc sur la roue avant, toutes nos tetes s'entrechoquent, et, comme au ralenti le tempo s'incline, s'incline...Et s'immobilise. Comme ca. Suspendu. L'eau rentre a flots dans l'epave, Cris et hurlements. On est tous fracasses, enclaves les uns dans les autres, c'est un naufrage. En plus le bus qui nous croise a 45 cm nous arrose copieusement.
 
Le buddha nous dit que dans toute situation il est un enseignement et un aspect positif.
 
J'ai les seins opulents de ma voisine en sari sur le visage. Mais quoi qu'en dise le Buddha, les elements nefastes de notre situation surclassent cet avant gout du nirvana.

RE: Bosses, fosses et miracles


 

From: sylvainsluys@hotmail.com
To: luc.nicolasnepal2010@blogger.com
Subject: Bosses, fosses et miracles
Date: Sat, 9 Oct 2010 08:21:11 +0000

09/10/10 Avant hier je sors presqu'indem d'un accident, j'echappe a l'amputation de la jambe d'un poils, de la tete d'un cheveu, suite a un carambollage sous une pluie diluvienne. Bosses, atelle et bequille. Vacances forcees ? Point du tout, 2 magnifiques spectacles hier et ce jour, plein de contacts noues. Clowns et Magiciens sans Frontiere Belgique : petits bonshommes fragiles et freles quoi qu'indomptables (cf Sophie et Laurent et leur incroyable periple la bas aux Phillipines)
 
Vous raconte ca par le menu des que je peux. Le temps se fait rare et les connexions internet aussi.

Friday, October 8, 2010

Mission 2010: Un retour en fanfare

A toutes et tous



Ou tout commenca


Pour cette annee j'ai epuise mon cota vacances et lon mois genereusement subventionne par l'Etat belge.

Il me fallu usiner jusqu'au depart, proletaires humanitaires de tous pays unissez vous!

01/10/10 ultime prestation a Bxls..Rentre a pas d'heure

02/10/10 Ultime prestation a Liege. Oufti.13h30, j'y vais. Suis tant en etat second que j'en oublie ma valise de lagie sur le trottoir rue Sans Souci la bien nommee a Bxls. Tout mon matos. Tout. A 10km de Liege une lueur dans mes brumes : oufti ma valise. MA VALISE.

Je fais demi tour aussi sec et rentre a 180km/h eclaire par les flashs des radars tel une haie d'honneur. J'arrive dans un hurlement de pneus.

Un voisin dont j'ignore tout m'attend ma valise a la main. Je lui baise les pieds. Retour a Liege. A 150km/h cette fois. Les flashs sont un peu plus ternes. Chouette destival sous la pluie, retour vers mon lit. A pas d'heure.

03/10/10 7h du mat, debout, faire mon sac, ne rien oublier, j'oublie tout, 11h aeroport ma phobie de l'air en bandouilliere.

Par peur de ma peur des ne decollage, vin, bieres et 2 Xanax dans la tronche. Plus la fatigue, pas trop mal ce petit vol...

04/10/10, 9h du mat je debarque a Katmandu. Zombie. Un gout ignoble dans la bouche.Et SOIF.



Dans le registre des initiatives subtiles il me souvins que je prenais le visa nepalais a l'arrivee pour 30 dollars, en 2003...

L'an dernier a l'ambassade a Bruxelles il m'en couta 90 euros...

Afin de faire economiser qqes precieux euros a ma douce association Clowns et Magicien sans Frontiere, j'appliqueles bons vieux plans.

Erreur.

Les passagers munis du visa passent de suite la douane. Les 500 autres, petits malins de mon cru s'agglutinent dans une file troupeau. Au bas mot on en a pour 3 heures.

Prix du visa ? 80 euros. 10euros d'economie. Les plus durs 10 euros de ma vie.

Au bout d'une demi heure on a progresse de 3m. Il demeurent 450 touristes. Les fonctionnaires nepalais sont 3 ils font leur boulot avec application, a la main, sans ordi bien sur.

Je m'assieds par terre. Tant qu'a attendre au seuil de la decomposition autant etre deja au sol.

Mourir debout est une idee heroique. Je suis un heros mais pas de cette veine la.

A peine suis je a contempler cuisses et fesses de la foule devant moi, rien de bien affriolent helas, que se pointent 2 fonctionnaires nepalais. En bon Europeen je pense qu'ils vont m'intimer l'ordre de me relever.

Pas du tout : ils se saisissent de mon bagage, me soulevent delicatement, me portent jusqu'a un fauteuil, defonce certes mais il n'en est point d'autre, m'y installent tel un prince, se chargent de mon passeport, vont au guichet des visas, interrompent la file...

3 minutes plus tard ils me servent mon visa tout chaud dans mon fauteuil.

Long murmure de desaprobation parmi les 450 touristes coinces la, a attendre.

Murmure qui enfle en frANCHE hostilite. L'Asie est une longue attente.

Pourtant me suis voulu humble assis au sol dans la poussiere la ou trottinent rats scorpions et serpents...

A tous j'adresse un petit signe de compassion, telle une huitre perliere qui vous sourit de toutes ses dents nacrees.

Certes mon sourire est faiblard mais c'est la faute au Xanax.

Je recupere mon sac qui est arrive semble t il avant moi. A Katmandu il arrive en general une semaine apres. Je suis la depuis une heure, deja 2 miracles.

Sortie de l'aeroport. Pugilat pour un taxi. Ils veulent 500 roupies pour me mener a destination. En 2 minutes je fais chuter le prix a 250 roupies.

Dans le taxi, petite Tata fumante et sans fenetre je renoue avec le traffic de Katmandu. Apocalypse now.

Une heure pour 3 km et 2 vertebres demises. Je m'endore a tout bout de champ sous l'effet conjure du Xanax de l'alcool du jet lag.

A destination je file au chauffeur 500 roupies. Je me sens grand seigneur defonce. Rock star.A propos devant l'hotel, allanguis dans la poussiere qqes gamins de rue. Deja.

Ca ne rate pas, a ma vue les "djadhu"(magicien chaman sorcier) fussent, mon nom et mon titre ici depuis 2003.

Donc ils me connaissent. Je leur adresse un petit signe. Ils me disent des tas de trucs en nepali je dis "oui oui" . J'eus pas du.

Je m'effondre dans ma piaule. Les effluves du Xanax me ratrappent. Je me disloque en un sommeil abyssal hante de reves absurdes.

Du fond de ma torpeur je percois une serie de coups sourds. Les fragments epars de ma conscience me disent : tremblement de terre!

L'hotel va s'ecrouler. Je produits un effort atroce pour m'extraire de mon nauseeux sommeil...La terre semble stable...Mais les coups perdurent. QQ'un martele ma porte. Je titube jusqu'a elle. Un grand gamin tout sourires me dit : Ganesh t'attend en bas.

Ganesh ??? Le dieu a tete d'elephant ? "oui".

Xanax ou pas on ne fait pas attendre un dieu. Je suis le gamin. Curieusement l'escalier que nous descendons ne semble pas etre celui que je montai tout a l'heure : les marches sont devenues molles. Je m'y enfonce jusqu'aux chevilles.

En bas un type affable m'acceuil "je suis Ganesh" Xanax et deception je dois m'assoir pour ne point choir.

Certes il est ventru mais ni trompe ni oreilles d'elephant.

Par contre tel le dieu il est oracle : il me dit "on t'attend". "On" ?????????????

Les filles ont cessees de m'attendre, moi meme je ne m'attends plus trop, lui oui, "on" oui.....

Ce Ganesh oracle ne parle pas que par enigme : l'an dernier j'avais promis de donner un spectacle dans son home d'enfants perdus, a la

toute fin de mon sejour. Puis ca c'est pas fait, rendez vous manque, enfants disparus le jour dit, bref ca c'est pas fait.

J'en reviens pas. Un an apres. Temps d'Asie. Vapeurs Xanax. Je dis d'accord, d'accord, demain, la je retourne me coucher...S'en suit palabres et sourires : maintenant, please, les enfants sont tous la ils t'attendent, demain on sait pas, gosses de rues etc...

Ganesh et Xanax m'hypnotisent : je m'entend dire oui, d'accord' n'arrive....

Me voila sur la moto de Ganesh devenu char celeste. On fend des nuees de demons ardents. Je somnole sur son dos aussi onctueux que les marches de tout a l'heure. On arrive. Une trentaine de gosses. En effet ils m'attendent. Je demande : vous m'attendez ainsi depuis un an ? Ils disent oui.

Soudain un eclair de lucidite : ou est mon passport, mon portefeuille, mon ame, mes amours...Tout paume. A l'hotel ? Sais plus...

Je pense aux Anglais qui debarquerent ici au 19e siecle et qui se bourraient au whiskey et a l'opium, aux hippies des annees 60

qui se defoncaient au LSD et a l'opium...Eussent ils connu le Xanax alcoolise, le monde eut il ete different ? Moins violent ?

Je ne tiens pas vraiment debout. Ils s'en apercoivent. M'apportent une chaise. Je ne tiens pas vraiment assis non plus.

Je via donner le plus long spectacle de ma vie : 1h30. Du pur cinela au ralenti. Il me semble que je loupe tous mes tours, mais pas sur.

Des vagues de rires me parviennent de loin telles la charge des cavaliers de l'apocalypse. Au travers d'une brume opaque je vois Ganesh se gondoler. Insidieusement il se met a ressembler au dieu a tete d'elephant.

Puis je ne sais plus. Je suis de nouveau sur la moto, a ma montre il est 22h mais c'est tjs l'heure de Bruxelles, il fait encore jour ici.

Ganesh me depose a l'hotel, me dit qu'il passera me reprendre. Pourquoi ? Quand ? Sais plus. Il a du me donner sa carte mais je l'ai paumee.

Je pense que je vais aller m'allonger un coup.

Mais avant je trouve la force de me trainer jusqu'a l'echoppe en face ou j'achete 2 bieres. Faut pas deconner, quand tu n'as pas l'habitude

de prendre ce genre de medoc faut boire beaucoup. S'hydrater. Purger l'organisme.

Les hurlements des chiens me reveillent en pleine nuit.

Je revais que je disais a je ne sais plus quelle fille : "je vais a Katlmandu"....

A propos, ou suis je ?