Saturday, November 14, 2009

prison invitation ecole et colle

11/11/09
Ici quand les parents volent en prison leurs enfants y aterrissent aussi. C'est comme ca. Plein d'enfants croupissent en prison sans raison.
Quelques organisations leur viennent en aide, les tirent de la, les regroupent, les nourrissent, les scolarisent...Essaient tout au moins.
L'une d'elle : P A Nepal (Prisoniers Assistance Nepal), 60 gamins dans une maison delabree a Sankhou, charmant bourg a 15 km a l'est de Katmandu.
A l'est pour nous c'est la bonne direction, nous crechons a la sortie est..
Donc une chouette balade d'une heure dans la campagne, le petit bus public, 20 roupies, super....
Pas de chance : les Maoistes bloquent la route. Pour d'obscures raisons qui echappent a tout le monde et surtout a eux ce semble. Drapeaux rouges,
slogans guerriers, menaces, embouteillages.
3/4 d'heure d'infernaux detours par de defonces chemins pour contourner l'eceuil. O misere.
Enfin Sankhou. Afin de rentabiliser ma venue, le spectacle aura lieu dans l'ecole que frequentent les enfants de prisonniers.
En tout 600 eleves et une trentaine de profs. Spectacle a 14h. Il est 13h. Et la, inconcevable stupeur : les 60 gamins des prisonniers, ceux surtout pour qui je viens ne sont pas la. Pourquoi diable ?
Coup de telephone a leur home. Reponse : nous n'avons pas recu d'invitation pour assister au spectacle.
Seigneur! Ca fait 15 jours que c'est programme, c'est l'ecole qu'ils frequentent tous les jours...Pas recu d'invit' officielle!
Je fonce chez le directeur. Il redige le papier sur un coin de table, y apose les 35 cachets indispensables, le dispose dans une enveloppe, une charmante volontaire canadienne prend sa mob et s'en va poter l'invitation.
Le temps de prendre le the, 20 minutes et voila les 60 gamins qui deboulent au pas de charge de peur de rater le debut.
Ils portent des vetements oranges alors que l'uniforme scolaire est bleu. Encore un mystere. Mais ils sont la.
Les Didis institutrices et quelques profs assis dans la poussiere au premier rang, dans mes pieds, les 600 enfants, le directeur et par dela le mur
de l'ecole les tetes de tous les habitants du coin qui eux non plus n'ont pas recu d'invitation..
Une heure bien dense pleine de rires et de fureur.
A peine fini, l'ambulance de l'hopital d'a cote nous attend : a 3km de la un hopital pour grands brules, amputes (mines antipersonnels, souvenirs des 11 annees de guerre civile), defigures, becs de lievre...Surtout des enfants. Une centaine plus les infirmieres et toubibs. Deuxieme spectacle.
Apres je m'assier dans l'herbe avec les gamins, je continue un peu pour eux, juste comme ca, juste pour se dire au revoir...
Puis le bus qui ramene les infirmieres a Katmandu. Et nous pour le coup. Puis le barrage maoiste. Une ultime heure de chocs de klaxons et de poussiere.
La nuit deja. Les chiens aboient. Toute la nuit. Toutes les nuits....
C'est encore une de ces journees d'emerveillements ou tu te retrouves vide, vaguement heureux et tres deprime, quelque part au bout de toi meme.
Toutes ces gueules qui defilent en boucle, les gamins defigures riants, l'excitation que tu as sucitee et tous ces remerciements que tu penses avoir extorque
vu le peu que tu as fais...
A peine descendu du bus, le temps de remettre en place tes vertebres de secouer la poussiere, quelques gamins de rues dans tes pieds qui te tendent la main. Ils sont deglingues , couverts de croutes et de poussiere. Tu leur fais un p'tit truc, comme ca, sur la rue. Ils rient. Ils sourient disons et te tendent toujours la main.
Bien sur ils vont aller s'acheter de la colle a sniffer. Une magie bien plus puissante que la mienne. Bien sur ce n'est pas bien. Faut pas contribuer a ca.
Bien sur. Et a leur place tu fais quoi toi ?

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